Ghost Town Refuge / YAC
Craco, 2020


Concours d’architecture. Refuges dans les ruines de la ville fantôme de Craco en Italie.



Projet Finaliste

En équipe avec Clara Hernandez, Ines Poncet et Anne Der Haroutiounian. 



IL GRANDE RITORNO

La fascination qu’exerce Craco ne devrait pas être guidée par la nostalgie, elle risquerait de n’être qu’une momie d’un passé fantasmé. Le projet de Ghost Town Refuge nous semble l’opportunité de ne pas figer l’ancien, à l’image de ces villes musées où la vie quotidienne a déserté, mais de lui donner une actualité. Ainsi la poétique de la ruine ne serait pas nécessairement la poétique d’un idéal disparu, perçu comme un décor mais au contraire, celle d’un état bien présent.

Le projet tente d’amener le visiteur à regarder la cité de l’intérieur, avec ses propres caractéristiques:
la ville abandonnée, ses typologies d’espace, notamment en tant que ruine, sa géographie, sa morphologie, ses couleurs, sa composition…

La chronologie de l’effondrement de Craco peut être évaluée par la présence plus au moins forte des traces humaines. Les leftovers, les chaises, les fresques, les frigos, témoignent d’une occupation humaine et d’une contrainte à l’exil. Comme s’ils étaient encore là. Des présences.





Ce patrimoine fascinant est façonné par les traces des désastres subis. La poésie de Craco réside dans sa propre fragilité. Venir à Craco c’est chercher le cassé, l’abimé, un instinct enfoui, la peur, le sublime, le frisson, le cycle vie/mort. Car aujourd’hui, elle est un environnement presque hostile qui a depuis longtemps rejeté l’homme. Ici, le monde naturel est le seul maitre des lieux, il a tout gommé, tout englouti. Presque.

Alors, comment habiter un lieu inhospitalier, quand on cherche refuge? Que vient on y chercher?

Nous avons fouillé la ville à la recherche d’espaces qui pourraient provoquer des émotions diverses, pour les sensations corporelles qu’ils suscitent. Nous en avons choisi 12. Les voici:

Le contre bas, les ruelles, les murs à ciel ouvert, la basilique, le clocher, le point le plus haut, les plateaux, la maison des restes, sur les toits, le dos, la fenêtre arcade et derrière le village.





Ces typologies sont particulières ou récurrentes dans Craco. Elles sont attribuées à un usage, selon ce que cet espace génère comme sensation par rapport au corps et l’environnement qui l’entoure. Le projet aspire à provoquer, mélanger des envies et des projections diverses en étant seul, en couple ou à plusieurs. Ainsi l’expérience proposée permet de faire cohabiter une diversité d’usages, selon différents degrés d’intensité entre sociabilité/solitude, sécurité/protection, confortable/élémentaire, vertige/ancrage, rester/fuir, immergé/prendre recul, la pierre/l’argile, le dur/le fragile, dominer/succomber.

Toutes ces situations permettent de mettre en scène les expériences contradictoires qui cohabitent à Craco. Appliquer le programme demandé, en proposant une expérience architecturale qui permette l’ambivalence et la contradiction.




Certains lieux doivent répondre aux besoins humains vitaux fondamentaux, mais l’expérience permet aussi la flânerie, la déambulation sans but précis selon la fantaisie de chacun, en découvrant parfois par hasard les interventions. Le projet veut inviter à l’exploration, où parfois le visiteur peut dominer le site, ou au contraire être appelé à se faire discret. Le projet vit au fil des saisons et est contraint par les variations météorologiques. Certains éléments de programmes et certains types de refuge qui sont en plein air ne sont pas accessibles en jour de pluie.